X Files (Saison 1)

X-Files (Saison 1)


Quoi ? Moggy ? Tu parles d'une série TV ? Hé oui ! J'avais envie de faire une pause jeux vidéo sur ce blog pour parler un peu (beaucoup) de ma série chouchou de mon adolescence: X-Files, ou plutôt "Aux Frontières du Réel" comme on le disait à l'ancienne. Une série qui a été une obsession pendant très longtemps. Un véritable phénomène culturel des années 90. A travers plusieurs d'articles scindés par saisons, j'avais envie de revenir sur chaque période principale du show, ses hauts et ses bas. On commence donc avec la première saison.

Bienvenue au Canada




Commençons par de courtoises présentations: X-Files est une série télévisée diffusée pour la première fois en 1993, aux Etats-Unis, sur le réseau FOX. Porté initialement par un Chris Carter désireux de créer un show effrayante, à la croisée des chemins entre La Quatrième Dimension et Kolchack, deux séries doudous pour le showrunner, la série a su rapidement réunir autour d'elle une ribambelle de scénaristes et réalisateurs qui, pour certains, deviendront incontournables. X-Files représente une capsule temporelle: Lorsqu'on la regarde, on ouvre la porte d'une idée des USA de la fin du XXe siècle. Un moment suspendu d'entre deux guerres, dans lequel les Etats-Unis n'avait plus réellement d'ennemis à combattre. Un moment où le pays, devenu la principale puissance mondiale, pouvait donc se concentrer sur ses propres problèmes internes. Carter et son équipe ont grandi principalement dans les années 70 et ont vu émergé certaines affaires politiques comme le scandale du Watergate. Ils proviennent d'une génération désabusée qui se montre indubitablement méfiante envers les puissants qui gouvernent ce pays. X-Files aborde plusieurs fois cette affaire, mais traite également d'autres retombées, notamment sur les traumatismes liés à la guerre du Vietnam. La série mise sur l'effroi et l'horreur, mais elle suinte la paranoïa et la défiance qu'une certaine frange de la population éprouvait auprès du gouvernement. Elle parle de Roswell, bien entendu, mais X-Files aborde également la seconde guerre mondiale, spécifiquement lors de la troisième saison, et pas sous un jour forcément glorieux. Le public était donc prêt à accueillir une telle oeuvre plutôt effronté envers le passé de ses terres. X-Files a grimpé très vite dans ses audiences. L'apogée de son succès se situe aisément au cours de la saison 5, pile avant la diffusion du premier film Fight The Future qui marque l'aboutissement du phénomène. A ce stade, X-Files a été nominé un nombre incalculable de fois à de nombreuses récompenses, dont plusieurs fois aux Emmy Awards pour le prix de la meilleure série dramatique. Le déclin fut progressif, mais les audiences s'écroulèrent totalement lors de la saison 9. Au delà de la qualité discutable de cette "dernière" saison (qui pourrait également justifier une telle chute), on peut également acter que la chute du World Trade Center a quelque part marqué la fin du show: Le pays avait un nouvel ennemi à affronter et les américains avaient besoin de retrouver la confiance envers leurs dirigeants. Conséquence: Il n'y avait définitivement plus de place pour la paranoïa et le cynisme envers les Etats-Unis. Il n'y avait plus de place pour X-Files. Cette brève introspection se referma donc.

Comme tu le sais très certainement, X-Files retrace les aventures de deux agents du FBI qui enquêtent sur les affaires non-classées (X-Files ou les dossiers "Aux Frontières du Réel" héhé): L'un des deux est un grand monsieur pince-sans-rire qui croit dur comme fer aux phénomènes paranormaux. L'autre est une petite dame rationnelle, et médecin de formation, qui jouera le rôle de la sceptique. On connait tellement ces deux personnages qu'on en oublierait presque qu'il s'agit là d'une inversion des stéréotypes de genres auxquels les fictions se complaisaient habituellement: En effet, cette fois, c'était l'homme qui croyait en des forces surnaturelles et qui, plus d'une fois dans les différents épisodes, laissait ses émotions le guider. Tandis que la femme avait bien la tête sur ses épaules et préférait opter sur une approche pragmatique des choses. On sent clairement l'influence de Thomas Harris sur la caractérisation des deux héros: Dana Scully s'appuie bien évidemment sur la Clarice Starling du Silence Des Agneaux, campée par Jodie Foster. Tandis que Fox Mulder tient davantage du personnage de Will Graham du Dragon Rouge. 
La nature de la relation entre les deux agents a également été une des clefs du succès de la série: Le respect mutuel que ces deux âmes éprouvent, mais aussi ce lien affectueux puissant qui les unis tout du long, conjugué à l'alchimie spécifique entre Duchovny et Anderson ont clairement été des éléments qui ont cimenté l'intérêt du show. Auprès d'une partie du public. A ce propos, Carter a régulièrement joué sur l'ambiguïté de leur relation, même s'il a toujours refusé qu'une liaison amoureuse concrète naisse entre les deux. Il voulait éviter le syndrome Clair de Lune, série qui a vu son intérêt amoindri dès lors que les deux protagonistes principaux ont commencé à sortir ensemble.

Très vite, X-Files a eu des velléités artistiques très prononcées: L'équipe voulut très rapidement proposer "un mini film d'une heure chaque semaine". Au fil des saisons, plusieurs dynamiques vont se mettre en place, au sein de l'équipe créatrice: L'une d'elle est la confiance que Chris Carter va allouer à son équipe de scénaristes et réalisateurs. Même si les scripts passent par son aval, et que le showrunner peut apporter des suggestions, voir même réécrire certains scénarios, il laisse la plume assez libre à son noyau durs de scénaristes. A tel point que chaque membres de l'équipe a tendance à limite écrire son "propre X-Files". Par exemple, parmi les auteurs, Glen Morgan et James Wong auront tendance à concevoir la série sous un oeil particulier, tandis que Howard Gordon va injecter ses propres inspirations au coeur du show.
En outre, l'atmosphère joue un grand rôle dans la réussite de l'émission. Et ceci grâce au tournage (du moins pendant les cinq premières saisons) situé à Vancouver: Ville brumeuse et pluvieuse qui a tellement su capter l'ambiance si singulière de X-Files. A l'origine, c'était pragmatiquement moins cher d'aller tourner là-bas. Et puis, la ville proposait une grande variété de paysages, pratique pour une série TV qui emmenait deux agents du FBI à parcourir l'ensemble des Etats-Unis. En effet, chaque semaine, le duo pouvait enquêter sur la côte ouest avant de, la semaine suivante, partir dans un bled paumé sur la côté est.

Une particularité du feuilleton est que, très vite, elle va se scinder en deux parties distinctes: Les "loners", des histoires qui peuvent se suivre indépendamment les unes des autres, comme il était coutume à la télévision, à cette époque. En général, dans ces scénarios, Mulder et Scully enquêtent sur d'étranges meurtres commis par des créatures, des tueurs ou autres forces mystérieuses. Les fans aimaient dénommer ces loners comme étant les "monstres de la semaine". 
Le mytharc, lui, symbolisait le fil rouge de l'histoire principale: Un récit feuilletonnant qui conviait nos deux héros à délier les fils d'une gigantesque conspiration, mêlant manigances du gouvernement et extra-terrestres. Chaque épisode du mytharc levait le voile sur une nouvelle pièce du puzzle de ce sinistre complot. Bon nombres de personnages secondaires gravitaient autour de cette histoire au long cours. Au fil des décennies, les souvenirs ont été plus cléments envers les histoires indépendantes plutôt que sur la longue mythologie. En effet, cette dernière a commencé a perdre certains téléspectateurs lorsque la conspiration grossissait et se complexifiait au fil des saisons. Il est vrai que, notamment au cours des saison 4 et 5, on pouvait aisément se perdre dans cette immense toile d'araignée scénaristique. C'est d'ailleurs une des raisons pour laquelle Chris Carter et son staff ont décidé de répondre à bon nombre de questions laissées en suspens lors des saisons 6 et 7. Je trouve que le mytharc fonctionne toujours encore aujourd'hui, car il y a des segments qui demeurent incroyablement forts. On pourrait toujours critiquer certains pans, bien évidemment, mais l'ensemble se tient assez bien, tout du moins jusqu'à la saison 6 (inclus).
Mais on peut également comprendre pourquoi les monstres de la semaine ont énormément marqué les gens: Certains épisodes ont pu traumatiser toute une génération, et il était vraisemblablement plus facile de suivre ces loners sans être perdu, puisque ces enquêtes débutaient et se terminaient au sein de la même intrigue. A l'ancienne quoi. 

Personnellement, j'ai découvert X-Files à l'époque où la série passait le vendredi soir, assez tard. Les gens en parlaient peu, à ce moment là. J'étais en 6e et je dormais chez un copain. Mais le soir, il m'avait dit "Hé ! Tu connais Aux Frontières du Réel ?" et on avait mis M6 pour ensuite regarder. Puis vint le choc ! L'épisode diffusé ce soir là était F.Emasculata (Contamination) qui se situait en saison 2 et il m'avait pas mal dérangé. Comme je commençais tout doucement à avoir des tendance hypochondriaque, le propos m'avait un peu remué. Par la suite, je continuais à regarder certains épisodes, mais ça m'angoissait pas mal. Et c'est plutôt étonnant car j'étais un enfant qui déjà été (trop) exposé à des films d'horreur, depuis quelques années maintenant (merci grande soeur). Mais X-Files savait jouer de son mystère et des rouages de l'effroi.


Premiers pas



Rétrospectivement, la saison 1 n'est pas une des meilleures du show, malgré quelques épisodes totalement cultes. La première partie abrite un certain nombre d'histoires qui ont relativement mal vieilli, surtout en comparaison avec la haute tenue visuelle des saisons suivantes. Les contours entre loners et segments mythologiques ne sont clairement pas définis, mais cette première salve d'épisodes posent les bases de ce que représentera l'émission jusqu'à son terme. En dépit de ce flou artistique et certains ratés, la première saison reste un moment de télévision irrésistiblement charmant.
Bien évidemment, le succès planétaire n'était pas encore au rendez-vous, et donc le budget alloué aux épisodes était bien moindre que les moyens mis à disposition par la suite. De ce fait, les grincements de dents se feront sentir lors de quelques effets spéciaux un peu cheapos, même dans les épisodes les plus forts.  D'où l'utilité de repousser les monstres le plus souvent hors du cadre. Cela tombe bien: La suggestion génère véritablement l'effroi.  

Comme il s'agit d'une saison inaugurale, cette dernière constitua le ballon d'essai de Chris Carter à la chaîne FOX: Si les audiences et le résultat avaient été peu convaincants, la série sautait et n'aurait pas pu être renouveler pour une seconde saison. Classique, tu me diras. Carter et son équipe ont dû énormément batailler pour faire valoir leurs idées ainsi que leurs choix. A titre d'exemple, le showrunner n'a pas eu de mal à imposer David Duchovny pour incarner Mulder, mais la chaîne était réticente quant au choix de Gillian Anderson pour jouer Scully. Parmi les raisons: Hé bien, inconnue au bataillon, trop petite et pas assez de poitrine. 
Je risque de revenir sur certains bras de fer entre la FOX et Carter au détour des différentes critiques des épisodes, un peu plus bas...

Je pensais articuler mes articles en saison: Je reviendrai sur chaque épisode. Le but ne sera pas de résumer platement chaque histoire, mais juste de donner mon avis, distiller quelques anecdotes personnelles ou  juste partager occasionnellement des choses que j'ai pu lire toutes ces années à me renseigner sur cette série.


1. PILOT (Nous Ne Sommes Pas Seul)

Là où tout commence. Le moment de la rencontre entre Mulder et Scully, puis les lieux de leur toute première enquête. Il est intéressant de noter que l'épisode adopte le point de vue de Scully: Le spectateur est invité à découvrir le FBI à travers les yeux de la jeune recrue. Un choix plutôt judicieux, car cela nous permet d'aller à la rencontre de l'excentrique Fox Mulder, et de pénétrer son univers composé d'aliens et de conspirations.
Le Pilot constitue une chouette porte d'entrée dans le monde d'X Files et reste, aujourd'hui encore, un épisode agréable. De surcroit, il expose parfaitement les bases de la formule à venir: Il y a des non dits, des personnages mystérieux, des enlèvements possiblement perpétués par des aliens, et la paranoïa entoure toute cette histoire.
A noter la première apparition d'un véritable personnage secondaire de la série: à savoir l'Homme à la Cigarette qui ne prononce pas un seul mot ici. Présentement, l'équipe ne saisissait pas encore l'importance qu'il aura dans le fil rouge du show. A dire vrai, elle doutait même des capacités d'acteur de William B. Davis, l'interprète de Smoking Man.
Dès ce pilot, on constate l'importance accordée aux tournages en extérieur. Même si certains épisodes se déroulent plus ou moins en huis clos, on ressent l'humidité et l'aspect grisâtre de Vancouver. Et puis, hé, ça peut vaguement également faire penser à Twin Peaks tout cela. Ça tombe bien, c'était produit à la même époque. Et puis, il y a David Duchovny qui est, finalement, un ancien transfuge de la série de David Lynch et Mark Frost.

On peut également sentir le poids de la chaîne lors d'une scène dans laquelle une Scully paniquée se déshabille devant Mulder, afin qu'il vérifie les boutons qu'elle a sur le bas du dos. Un passage d'autant plus saugrenu qu'il s'agira de l'unique tentative de sexualisation du personnage de toute la série. Malgré cela, la scène n'est pas inintéressante puisqu'elle souligne le caractère platonique qu'il subsiste déjà entre les deux agents: Mulder ne semble pas perturbé et éclaire le dos de sa nouvelle partenaire de manière impassible. 
Une autre directive de la chaîne exigeait que le personnage de Gillian Anderson ait un petit ami. Finalement, Carter supprima au dernier moment les deux scènes avec ce dernier. 





2. DEEP THROAT (Gorge Profonde)

Deuxième épisode et seconde affaire concernant les extra-terrestres. Deep Throat s'attaque surtout de plein fouet aux manigances gouvernementales plutôt que s'attarder réellement sur les êtres venus du ciel. L'accent est davantage axé sur la paranoïa, la dissimulation et les mensonges. A ce moment là, on comprend également que les puissants exercent une totale impunité, spécifiquement au travers de l'histoire tragique de la famille Budahas, l'élément humain de l'épisode: Le père de famille, pilote pour l'armée, est subitement enlevé en plein jour par les militaires, et ces derniers ne rendent de compte à personne, ni même à sa femme. On commence à saisir à quel point les conspirateurs ne semblent pas avoir de limites lorsqu'il s'agit de camoufler leurs secrets. A ce titre, Deep Throat est un bon complément au Pilot puisqu'il aborde la conspiration extra-terrestre, mais en s'attardant sur des thématiques un poil différentes: On constate vraiment l'ampleur du complot ici, alors qu'elle n'était qu'une toile de fond dans l'épisode inaugural.

Plus globalement, les segments mythologiques de la saison 1 ressemblent davantage a des épisodes isolés qu'à un vague plan d'ensemble cohérent. Ici, tout évolue à tatillon. Même si des éléments, notamment thématiques, seront repris dans les saisons ultérieures, il faudra véritablement attendre le final de cette saison pour que la mythologie ne prenne son envol.
Deep Throat inclut pour la première fois l'informateur éponyme de Mulder, qui deviendra une des figures paternels de ce dernier. Un personnage fortement sympathique et interprété de manière très chouette par Jerry Hardin. Une présentation pleine de paranoïa et d'ambiguïté d'ailleurs, puisque, à la base, Gorge Profonde tente tout de même de dissuader Mulder de couvrir cette affaire.
Même si j'apprécie les premières interactions entre nos deux agents dans le Pilot, je préfère nettement ce second segment, car il nous place de manière glaçante à la cruauté d'un complot aux contours encore flous, mais qui semble s'étendre à l'infini.

A noter également que la fin nous présente Scully rédiger son rapport, soutenue par sa voix off décrivant ce qu'elle écrit. Un ressort narratif imposé par la FOX qui allait être fortement présent tout le long de la saison. Finalement, Carter fut plutôt satisfait de ces ajouts et continuera sporadiquement à utiliser ce ressort, lors des saisons suivantes.
Un dernier point intéressant est que, dès le second épisode, c'est Dana Scully qui sauve Fox Mulder lors du dernier acte. Une anecdote plutôt rigolote à souligner, puisque ce n'est pas le contraire comme à l'accoutumée avec les fictions. En général, on nous présente des personnages masculins voler aux secours du personnage féminin. Malheureusement, je le concède, la tendance s'inversera lors de la deuxième saison...




3. SQUEEZE (Compressions)

Premier script non écrit par Chris Carter mais par le duo Glen Morgan et James Wong, deux auteurs qui seront en partie responsables d'un bon nombre de prestigieux épisodes.
En outre, il s'agit du premier "monstre de la semaine" de toute la série. Et quel monstre ! Puisqu'il s'agit du tueur mutant Eugene Victor Tooms, très certainement le monstre le plus emblématique de X-Files. Demandez à des gens qui ont grandis dans les années 90 de citer des moments cultes du show: Vous êtes quasiment sûr que le nom de Tooms sera évoqué.
Il est vrai qu'il reste une création fascinante: un mutant mangeur de foie capable de se contorsionner dans les endroits les plus exigus pour atteindre ses victimes, et qui se réveille tous les 30 ans, est un postulat on ne peut plus séduisant et effrayant. En sus, les scènes où l'on aperçoit les yeux jaunes brillants de Tooms, dans la pénombre, constituent le summum de la terreur. Ajoutons à cela la prestation froide de Doug Hutchinson pour camper le tueur. Un rôle de composition puisque l'acteur a, dans la vie, plutôt tendance à ne pas savoir tenir en place, de l'aveu même du concerné.

Pourtant, malgré le succès indéniable de Tooms, Squeeze se concentre davantage sur les relations entre Scully et ses collègues du FBI: L'épisode consolide la préférence que le personnage a pour Mulder. Ce dernier est certes un agent brillant, mais son comportement défiant écarte la jeune femme du reste du bureau. Scully le sait, mais, au terme du scénario, elle préfère finalement suivre ce pestiféré.
La première saison va énormément s'attarder sur les relations amicales ou amoureuses qu'ont pu entretenir les deux protagonistes, par le passé: Il y a en effet beaucoup d'épisodes qui vont voir resurgir d'anciennes connaissances des deux agents. Cela deviendra de plus en plus rare au fil du temps, donnant l'impression que la quête de Mulder et Scully vont totalement les isoler du reste du monde, même s'ils pourront compter sur d'inestimables alliés comme Skinner ou les Lone Gumnen.

Glen Morgan et James Wong ont eu plusieurs inspirations pour élaborer l'histoire de Squeeze. Il y a du Jack L'Eventreur là-dedans, mais une des anecdotes les plus rigolotes tient du fait que, lorsqu'ils étaient assis à réfléchir sur une esquisse de scénario, les yeux de Morgan se sont posés sur une gaine de ventilation. Il a ensuite suggéré à Wong qu'il serait terrifiant qu'une créature puisse se glisser là-dedans.
Malgré la réussite de l'épisode, les deux auteurs se sont embrouillés avec le réalisateur Harry Longstreet. Ils ont estimé que ce dernier ne respectait absolument pas leur script. Longstreet ne s'est pas non plus entendu avec d'autres membres dont Duchovny et Hutchinson; les deux ayant beaucoup critiqué sa direction d'acteurs. Aux termes de ces conflits, l'épisode a pu être sauvé via de nouvelles scènes tournées, mais aussi grâce à la magie de la post-production. 
En dépit de tous ces efforts, Morgan et Wong n'ont pas été satisfait du résultat, ce qui a conduit la mise en chantier de "Tooms", le deuxième épisode sur le monstre mangeur de foie, qui interviendra un peu plus tard dans la saison.

Hé ! En parlant de foie, Hutchinson en a envoyé un par courrier à Chris Carter pour le remercier de lui avoir offert ce rôle. Hé oui ! C'est ça avoir de l'humour.




4.CONDUIT (L'enlèvement)

Petit aparté sur les titres français: En général, lorsque je parle des différents épisodes d'X-Files, j'ai souvent tendance à sortir les titres originaux, comme un gros geek casse couille. Pour ma défense, il faut reconnaître que les noms français sont parfois vraiment douteux, pour ne pas dire merdiques. Franchement quoi... "L'enlèvement". Tu peux pas faire plus fade. Il y aura bien pire, bien entendu, mais on ne peut pas faire moins inspiré que ça tout de même. Cependant, les titres VO ne sont pas tous fameux non plus, surtout sur cette première année.

Après un petit détour sur un tueur en série, X-Files revient sur la piste extra-terrestre donnant l'impression que Squeeze n'était qu'une petite parenthèse. Tout du moins, c'est peut être comme cela qu'ont pu réagir les téléspectateurs, lors de la première diffusion. 
Conduit est un petit morceau de télévision plutôt chouette. Pour être franc, j'ai mis du temps à l'apprécier. Pendant longtemps, je trouvais que l'histoire n'était pas passionnante et, en dézoomant sur tout l'arc mythologique dans son ensemble, il paraissait un peu terne. Mais j'aimais bien certains pans de l'histoire, comme tout ce qui tourne autour de Kevin, le petit frère de la fille disparue. Et puis, il y a cette accroche visuelle saisissante vers la fin de l'épisode: lorsque la succession de 0 et de 1 que dessine le gamin représente en réalité le portrait géant de sa soeur. Apparemment, cet immense dessin a été particulièrement coton à concevoir.
Mais au final, c'est un joli moment centré sur Mulder et sur la souffrance qu'il éprouve toujours face à l'enlèvement de sa soeur, Samantha. Conduit a été le premier scénario signé de la plume de Howard Gordan et Alex Gansa. Le premier deviendra un des scénaristes les plus prolifiques de la série, et il a souvent tendance à mieux écrire sur Mulder. C'est le cas ici: L'enquête porte une caisse de résonnance sur le traumatisme de l'homme, et nous voyons à quel point ses sentiments guident parfois ses actions.
De plus, c'est un épisode intéressant car, jusqu'ici, la série a eu l'habitude de montrer un Mulder impassible, effronté ou désagréable, notamment à l'encontre de certains collègues, mais surtout envers les forces de l'ordre. A contrario, Conduit nous dévoile un Mulder sincèrement compatissant envers les victimes incomprises et démunies. On le sent totalement aux côté de Darlene Morris, la mère de la fille prétendument enlevée par des aliens. Cette compassion sera un trait de caractère constant du personnage, tout au long de la série. Et ce contraste donne de la substance à Mulder.

Au final, oui, l'enquête en elle-même n'est pas passionnante (il s'agit d'une simple histoire d'enlèvement), mais c'est ce qu'il y a autour qui donne de la consistance à l'ensemble. Il octroie ainsi la possibilité à Scully d'avoir un nouveau regard sur son partenaire: Elle a un moyen de comprendre la quête viscérale de ce dernier. Ce n'est pas juste un illuminé qui court comme ça après les OVNIs.
Je l'ai déjà cité auparavant, mais cet épisode consolide également le renversement des rôles de genres que l'on retrouve habituellement dans les fictions: Cette fois, c'est l'homme qui est dépeint comme vulnérable et dicté par ses émotions.

La conclusion est plutôt marquante: lorsque Mulder pleure sa soeur, assis dans une église, avec la voix off issus de l'enregistrement de l'hypnose régressive qu'il a réalisé, par le passé. Le fondu au noir final avec la voix émue de Mulder qui conclut par "Je veux y croire" constituera un des mantras les plus connus du héros. Ce sera même écrit sur son emblématique poster de son bureau. Le fait de placer le personnage dans une église, à la fin de l'épisode, est une manière d'illustrer sa foi envers les extraterrestres. Cette croyance lui donne espoir de retrouver un jour sa soeur disparue. Un joli moment, vraiment.



5. JERSEY DEVIL (Le Diable Du New Jersey)

Après une salve d'épisodes plutôt bien négociée, voici là le premier raté de la saison. Non pas que Jersey Devil soit spécialement honteux. Non. Je dirais plutôt que l'enquête est totalement inintéressante. C'est incroyablement mou. Tout ce qui tourne autour de cet "homme de Néandertal" peine à convaincre. Les rebondissements tombent régulièrement à plat: Pour preuve, l'un des twist du récit est que le "monstre" est en réalité... une femme ! Et la réalisation insiste sur ce point comme étant un rebondissement majeur puisque la révélation est suivi d'un fondu au noir. Il y a donc un vrai manque d'enjeu tout le long.

 En définitif, le principal plaisir de ces 45 minutes réside dans les interactions entre Mulder et Scully: Quel plaisir savoureux de voir Scully invitée son partenaire à manger, après que ce dernier ait dormi toute la nuit par terre, au milieu des sans abris. Il y a une nouvelle tentative de la série d'élargir les relations de Scully au delà de son partenaire: on la voit ici aider à gérer la fête d'anniversaire de son filleul. Puis, on la voit plus tard dîner avec un homme, pour finalement refuser ensuite un second rendez-vous, et préférer partir enquêter auprès de Mulder. Squeeze avait déjà solidifié ce choix auprès des autres collègues de l'enquêtrice. Cette fois, Jersey Devil suggère que le personnage a également définitivement tiré un trait sur une quelconque vie privée à partir d'ici.
Cet épisode démontre à quel point David Duchovny et Gillian Anderson sont de plus en plus à l'aise dans leur rôle respectif. L'alchimie fonctionne à merveille et ce segment met en lumière la superbe dynamique entre les deux protagonistes.

Le script est une nouvelle fois écrit par Chris Carter et, malgré les réussites que sont Pilot et Deep Throat, démontre que ce dernier n'est pas le meilleur scénariste de l'équipe. L'artiste est un super showrunner bourré d'idées, mais il est un piètre écrivain. Une de ses plus grandes faiblesses demeure dans l'écriture de ses dialogues qui semblent sonner faux. Carter a une appétence dans les conversations cheloues ponctuées de tirades philosophique balancées au beau milieu. C'est à lui que l'ont doit les innombrables voix off des personnages qui déblatent leurs proses, notamment lors des épisodes mythologiques.
Pour être franc, je trouve certains de ces dialogues plutôt charmants, mais ils ont tendance à être moins impactant que ceux des meilleures plumes de la série, à l'instar du duo Morgan et Wong, Howard Gordan ou encore Vince Gilligan.
Mais dans Jersey Devil, on a droit à des réflexions quelques peu embarrassantes comme lorsque Mulder et Scully débattent sur nos avancées technologiques capables de nous détruire un jour.
Pour le second "monstre de la semaine" de toute l'émission, Jersey Devil fait pâle figure à côté de Squeeze.



6. SHADOWS (L'Ombre de la Mort)

Shadows est un cas particulier. Il a servi de passe-droit pour l'équipe créatrice afin qu'elle puisse concevoir un peu plus ce qu'elle veut par la suite. A ce niveau là, pour une si jeune série télévisée, il fallait être le plus conciliant possible. Concrètement, la FOX avait insisté pour qu'il y ait plus d'épisodes mêlant des phénomènes paranormaux dits "classiques". Glen Morgan et James Wong écrivirent donc Shadows pour adoucir la chaîne et qu'ils puissent ensuite être plus libre d'élaborer ce qu'ils veulent. Et c'est probablement grâce à ce deal que le duo a pu signer certains des opus les plus marquants de la saison 1, à l'instar de Beyond The Sea, Ice ou encore Tooms. Mais en attendant, tout paraît polissé dans Shadows. De plus, la chaîne désirait que Muder et Scully viennent davantage en aide aux gens, d'où cette idée que les deux agents viennent prêter main forte à Lauren Kyte, cette jeune femme hantée par le fantôme de son patron. Une pierre, deux coups, Shadows réunit ces deux directives de la FOX. 
Cependant, et malgré le classicisme de l'ensemble, Shadows n'est pas désagréable. Loin d'être mémorable, il reste plutôt sympathique à regarder. Et saluons cet état de fait: Morgan et Wong réussissent à rendre une copie plutôt satisfaisante, alors que Chris Carter se vautre un épisode plus tôt. Shadows est plutôt sage, pour du X-Files, mais offre quelques séquences relativement efficaces, comme celle des deux malfrats qui tentent d'agresser Lauren dans sa maison, et qui se font briser le cou par l'entité. Pareillement, la scène de la baignoire m'avait fait un peu flipper lorsque j'étais plus jeune. Et surtout, la vidéo de la caméra de surveillance et la photo m'avaient fait de l'effet également. En effet, quand j'étais petit, j'avais tendance à avoir peur des apparitions sur des images. Alors, ok, la photo ici paraît terriblement ringarde aujourd'hui...

A noter également que Shadows possède un petit motif sonore de quelques notes qui revient régulièrement. Mark Snow, le compositeur attitré de la série, a eu la brillante idée de créer des petites lignes atmosphériques spécifiques pour chaque épisodes, renforçant le côté "petits films hebdomadaire chaque semaine". Même si certains thèmes musicaux peuvent revenir de temps à autre, chaque histoire sera accompagné de sa propre ambiance sonore. La durée des bande sonore dans chaque segment est une autre particularité de X-Files: En général, dans ce genre de programmes, il n'y avait pas autant d'accompagnements musicaux au sein d'un épisode, mais le bébé de Carter va faire exploser les compteurs à ce niveau là. Alors, bien entendu, il y a du bon et du moins bon, mais il est intéressant que chaque histoire ait sa couleur musicale pour soutenir leur singularité.

Finalement, Shadows fonctionne bien plus qu'il ne devrait, notamment parce que Lisa Waltz, l'interprète de Lauren est vraiment convaincante. J'imagine que l'épisode aurait nettement moins fonctionné si on avait eu quelqu'un qui s'était moins investi.
Morgan et Wong ne sont pas spécialement contents du résultat de leur copie, car ils estiment que le script est trop conventionnel et qu'on a l'impression d'avoir vu ça des dizaines de fois. Cependant, avoir réussi à concevoir un épisode banal qui se tient malgré tout reste vraiment salutaire. 



7. GHOST IN THE MACHINE (Un Fantôme Dans L'Ordinateur).

Ghost in The Machine n'est pas un très bon épisode, je le sais. Cependant, ado, j'avais une fascination pour ce dernier. En fait, j'avais adoré le concept de cette IA douée de conscience qui contrôle tout un immeuble. Pour l'anecdote, petit, j'avais une petite caméra nulle qui filmait en noir et blanc et j'avais essayé de refaire certaines scènes de l'épisode. Hé oui. Bébé Moggy était un réalisateur raté.
Au final, je dois reconnaitre que Ghost in The Machine a salement vieilli: il y a quelque chose de délicieusement kitch dans la représentation de cette IA qui passe son temps à parler dans tout l'immeuble. Et puis ce climax tout mou dans lequel Mulder tue la machine en insérant un virus est d'un ridicule. De l'aveu de Howard Gordon et Alex Gansa, tout l'aspect informatique parait pe convaincant; ces derniers ont reconnu ne rien connaître dans ce domaine, et il ne sont pas du tout satisfait du résultat. Ils ont estimé qu'il s'agit là d'un de leur pire scénario. Je les trouve peut être trop dur envers leur oeuvre. La principale scène assez forte réside quelques minutes en arrière, avant que Mulder ne bute la machine: lorsque le récit offre une petite scène d'action à une Scully qui se fait malmener par l'IA dans une gaine de ventilation. C'est d'aileurs la première fois que le personnage utilise son arme de service.
Malgré la ringardise de l'épisode, l'ensemble dégage une atmosphère étrange totalement unique. Il y a des passages qui fonctionnent visuellement, et on doit ce travail au réalisateur Jerrold Freedman, son unique contribution au show. A l'instar de Shadows, Ghost In The Machine fonctionne parfois bien plus qu'il ne le devrait, avec quelques réserves, bien entendu. 

Comme dans la grande tradition de la saison 1, le script nous sort de son chapeau un ancien équipier de Mulder, à savoir l'ambitieux Jerry Lamana, venu demander de l'aide sur cette affaire. L'apparition de l'individu est un parfait prétexte pour amener la mort du personnage, histoire de donner plus de poids à un épisode relativement bancal. L'intrigue met en lumière le fait que Mulder n'était peut être pas aussi isolé que ne le suggérait le Pilot ou Squeeze. Il avait quelques relations au sein du FBI qui croyaient en lui.

J'avais abordé plus haut l'étrangeté de l'atmosphère. Dans le lot des bizarreries, il y a cette scène où le COS, l'ordinateur malveillant, rejeton avoué du HAL de 2001, affiche l'image de Lamana, sa victime coincée dans l'ascenseur d'Eurisko, mais elle s'amuse ensuite à le diffuser en mosaïque. Un effet... presque surréaliste qui n'a aucun sens ici.
De même, les locaux immaculés d'Eurisko ainsi que le passage où Brad Wilchek, le programmeur du COS, est sur son PC, de nuit, sont des passages étonnamment atmosphériques. La partition éthérée et électronique de Mark Snow contribue à la singularité de l'ensemble.
A noter la seconde apparition de Gorge Profonde, ainsi que des manigances du gouvernement que la série se forçait un peu à intégrer même dans ses loners. Pas forcément convaincu par cet aspect là d'ailleurs.
La création de Carter enchaîne là une brochette d'épisodes qui peinent à convaincre, après avoir enchaîné 4 premiers épisodes plutôt solides. X-Files visitera de nouveau le thème de l'intelligence artificielle avec Kill Switch, moment singulier de la saison 5, écrit par William Gibson et Tom Maddox. Un segment nettement plus convaincant que ce Ghost in The Machine, mais qui a, malheureusement, un peu vieilli également.



8. ICE (Project Arctique)

Ok, j'avais dit que les titres originaux étaient mieux, mais il y a quelques exceptions quand même. Oui parce que "Ice" n'est pas spécialement fifou comme titre, à l'instar de "Fire" un peu plus tard dans la saison. Et pourtant, on tient là un des sommets de cette première année. Ice lorgne du The Thing de John Carpenter (mais aussi de la nouvelle dont s'inspire justement le célèbre réalisateur du film). On retrouve donc le postulat de base qui consiste à isoler plusieurs personnages dans le froid, dans un lieu anxiogène, et avec une créature qui semble les "posséder" un par un. 
Cette fois, le duo Glen Morgan et James Wong semble beaucoup plus enthousiaste que leur travail sur Shadows. A l'origine, Ice avait été élaboré comme un "bottle épisode", c'est à dire un épisode qui se déroule dans un lieu clos, permettant la réduction des coûts de production. En fin de compte, le budget dépassa ce qui avait été prévu, mais pour quel résultat ? Le décor ici est réellement impressionnant. Les lumières utilisées allouent une atmosphère claustrophobique du plus belle effet. David Nutter à la réalisation fait des merveilles et on ne voit absolument pas le temps passer durant le visionnage. On trouve également un des monstres mythiques de la série, à savoir ce petit ver dégoutant qui se déplace sous la peau de ses victimes et altère leur comportement; en les rendant agressives. Une intrigue qui mise tout sur la paranoïa ambiant, pile un des thèmes cher à X-Files, mais ici réduit à un petit groupe de personnages qui ne vont plus pouvoir se faire confiance. A ce sujet, l'un des points culminants réside dans cette confrontation musclée entre Mulder et Scully qui se pointent leurs armes l'un sur l'autre. Une tension qui fonctionne diablement bien. L'épisode empile plusieurs autres séquences mémorables dont ce moment où tout le groupe se sépare pour aller se coucher chacun de leur côté.

Gordan et Gansa ont plutôt tendance à être plus à l'aise avec le personnage de Mulder. En revanche, le duo Morgan et Wong donne régulièrement le bon rôle à Scully. Ici, c'est elle qui doit aider Mulder à prouver qu'il est innocent, dans la seconde partie du récit. De même, lorsque son partenaire suggère de ramener le ver comme une preuve tangible sur l'existence d'une vie au delà de étoiles, Scully trouve la réaction de son partenaire dangereuse. Et elle a raison: Mulder parait inconséquent de ce qui se passerait si une telle chose s'introduisait accidentellement au sein de la population. Elle paraît faire les choix les plus judicieux tout du long: elle est plus diplomate avec le reste de l'équipe par exemple. C'est un segment qui porte sur la confiance de Scully envers Mulder, presque au delà de la raison. Contrairement aux premiers épisodes, elle ne sert pas juste à contredire les théories de son partenaire.

En outre, Ice propose un casting secondaire vraiment excellent: Xander Berkeley et Felicity Huffman en tête. Les différentes personnalités sont clairement et rapidement définis. Leur présence donne un parfait contrepoids à nos deux agents du FBI. Le chien aussi est cool. Je sais pas qui c'est par contre.
L'oeuvre de Morgan et Wong a tellement marqué les esprits que la série s'appuiera deux ou trois fois sur ce concept d'isoler les personnages dans un lieu hostile, notamment via Darkness Falls (s1), Firewalker (s2) ou encore Agua Mala (s6).
Ice marque une étape cruciale de la jeune série, spécifiquement via des thèmes qui seront réutilisés ultérieurement, mais également grâce aux ambitions visuels que le show repoussent sans arrêt, malgré son format.


9. SPACE (Espace)

Hé bhé ! Quelles montagnes russes cette première saison: On passe d'un des meilleurs épisodes au pire de l'année. Space... est une catastrophe. Un désastre. C'est une nouvelle fois Chris Carter à l'écriture (décidément) et il s'agit, et je pèse mes mots, d'un des pires moments de la série.
Space, à l'instar d'Ice, a été conçu pour être économique. Malheureusement, la construction du centre de contrôle, lieu principal de l'intrigue, a tellement explosé le budget que l'épisode a finalement été le plus onéreux de la saison. Comme il n'y avait plus de sous dans les caisses, ce sont les effets spéciaux qui ont pris un coup: Effectivement, les scènes impliquant cette étrange visage fantomatique martienne sont catastrophiques. Et elles sont bizarrement bien éclairées, alors que X-Files misait judicieusement sur la suggestion ou tentait souvent d'en montrer le moins possible. Ici, l'épisode est fier d'exhiber sa créature. Et ne te méprends pas: même pour l'époque, les effets spéciaux ici étaient considérés comme affreux. Dans un soucis économique encore, d'immondes images d'archives se glissent ici et là, et, pour parachever ce tableau douteux, la réalisation est incroyablement plate, à l'opposée des ambitions "cinématographiques" de l'équipe créatrice. De surcroit, Space se situe juste après Ice, une place inconfortable qui lui donne l'impression d'être encore plus minable que s'il s'était intercalé entre Jersey Devil et Shadows. Mais même dans les opus les plus faibles proposés jusqu'ici, il y avait toujours quelque chose à sauver. Par exemple, les interactions entre Mulder et Scully dans Jersey Devil, la bonne tenue de Shadows ou encore l'ambiance de Ghost In The Machine. Ici, il n'y a pas grand chose qui tient la route.

Malgré tout ça, il subsiste de petites touches sympathiques comme le fait de voir Mulder en admiration devant un de ses héros d'enfance, l'astronaute Marcus Belt, personnage central de l'intrigue. Ce détail de l'histoire reste un élément relativement touchant, au milieu de ce désastre. Certes, ce n'est qu'un point de détail. A ce propos, Mulder et Scully ne sont d'aucune réelle utilité ici, ce qui, en soi, n'est pas un problème: Ce ne sera pas la dernière fois que nos deux héros feront office d'observateurs au sein de l'intrigue. Le problème ici est qu'on a vraiment l'impression que leur absence ne changerait absolument rien: Ils subissent tout le récit. Récit plutôt nébuleux d'ailleurs car les motivations de la forme spectrale demeurent totalement floues. Et pour couronner le tout, certains dialogues d'un goût douteux sont signés par un Chris Carter décidément peu inspiré. Il s'agit probablement d'un de ses pires travaux dans toute sa création. L'artiste est par ailleurs conscient que Space a fortement déplu à la communauté de fans. Mais est-ce que Space est le pire épisode de la série ? Non, même pas...



10. FALLEN ANGEL (L'ange Déchu)

Retour sur les prémices de l'arc conspirationniste ici, avec un solide épisode. Comme Howard Gordon et Alex Gansa sont aux commandes du scénario, on aura droit ici à un récit centré sur Fox Mulder. Une histoire assez simple finalement: Mulder, après quelques informations données par Gorge Profonde, se retrouve sur les lieux d'un crash d'OVNI, à la recherche d'une preuve. Mais l'intérêt de l'épisode réside dans la relation entre Mulder et Max Fenig, un nomade fana d'OVNI comme lui. Le personnage est une sorte de prototype de ce que deviendra les Lone Gumen, un peu plus tard dans la saison. Leur relation devient vite touchante à travers une proximité qui se tisse entre les deux. Cela est renforcé par l'histoire tragique de Max, lui même victime d'enlèvements extra-terrestres. Il y a quelque chose d'effroyable de se dire qu'il pourrait se trouver n'importe où, de tenter de se cacher que ça ne servirait à rien: il se ferait probablement enlever malgré tout.
Il y a un petit détail mignon qui suggère que Mulder participe activement à la sous culture des OVNIs, via ce moment où Max se montre enthousiaste lorsqu'il évoque l'article que l'agent a écrit, sous pseudonyme, dans une revue underground (au sujet du Projet Arctique d'ailleurs). Mulder a donc des fans qui suivent son travail de très près. C'est une petite révélation intéressante car on a tendance à croire qu'il est seul et isolé, mais ce petit dialogue entre les deux protagonistes évoque le fait que Mulder a du soutien, même s'il reste tapis dans l'ombre, dans un sous-sol du FBI.

Fallen Angel donne l'impression que Mulder agit comme un hors la loi, plutôt que comme un agent du FBI soucieux des protocoles: il se fait arrêter puis mettre en prison, au début de l'intrigue; pour ensuite s'attirer les foudres du général. Bon, même si on sait que ce dernier cache quelque chose et qu'il est dépeint comme un antagoniste ici. Il est intéressant de voir que Mulder est habillé en jean et blouson dans tout l'épisode, renforçant cet image de sale gosse. 
L'histoire met également en lumière le caractère fragile de la place du personnage au sein du bureau: On y apprend que le département des X-Files pourrait être menacé de fermeture, augmentant l'insécurité de nos deux agents. Quelque chose se dessine en toile de fond tout doucement...

L'épisode fait l'inverse de Space: Effectivement, ici, on ne voit jamais l'alien puisqu'il porte une sorte de camouflage optique qui le rend donc invisible. Un moyen d'économiser sur le budget après une ribambelle d'épisodes qui ont finalement exploser les couts de production. Ce choix d'en faire une créature qu'on ne voit jamais reste efficace. Par ailleurs, à ce niveau là du show, il subsiste toujours un doute sur l'existence des aliens. Alors, en tant que spectateurs, on ne doute pas du contraire, car on a déjà vu des preuves irréfutables de phénomènes paranormaux: La série nous a déployé un mutant qui se contorsionne ou encore un fantôme. Bien sûr, il y a aussi une IA, mais on pourrait se dire que c'est "juste" une sacrée prouesse technologique. Et les vers de Ice ne prouve pas avec exactitude qu'il s'agisse d'une entité provenant d'une autre planète.
Il y a ce visage martien, cependant, mais ça restait une forme spectrale un peu vague dont on ne savait pas grand chose.
Mais même si on ne doute pas de l'existence d'aliens au sein de cet univers, la série arrive tout de même à jouer de nos attentes: On attend LA preuve.  On attend d'en voir clairement ! C'est encore possible à ce niveau là du fil rouge. Et c'est cette preuve que recherche encore désespérément Mulder, et on se met au diapason avec sa quête.

Petite anecdote: la casquette NICAP de Max Fenig que récupère Mulder réapparaitra dans son appartement dans certains épisodes suivants.



11. EVE (Eve)

Eve est un épisode assez effrayant. Il met en scène des expériences de manipulations génétiques effroyables. Petit, je le trouvais juste cool, mais en grandissant, j'ai trouvé cette histoire terrible: Cette pauvre mère qui perd son mari, puis qui se rend compte que la fille qu'elle a mis au monde et élevée n'est pas vraiment sa fille. C'est... affreux. L'une des dernières scène où elle déchire une partie d'une photo où se trouvait sa progéniture et la jette dans le feu est déchirant. Ce passage est nettement plus lourd à regarder avec un oeil adulte. Et c'est marrant de voir les choses que nous trouvons bien plus effrayants lorsqu'on grandit: certains aspects des films auxquels on passait totalement à côté étant plus jeune. Le métrage distille habilement de l'étrangeté tout du long: les rebondissements fonctionnent vraiment bien et rajoutent une couche de malaise: Les circonstances du premier meurtre affreux, puis la découverte d'une seconde victime tuée de la même manière attise notre curiosité. Ces évènements amènent nos deux agents à constater que l'un des éléments en commun est que les deux pères tués avaient chacun une petite fille. Deux gamines qui se ressemblent comme deux gouttes d'eau ! Il y a un côté La Quatrième Dimension à ces révélations. Bien entendu, les enfants mystérieux et/ou maléfiques dans les fictions d'horreur ont toujours fasciné. C'est un trope usuel dans le genre, mais X-Files l'utilise a bon escient dans ce cas de figure.

L'épisode est intéressant aussi car c'est la première véritable fois que Mulder se trompe de théorie pendant une partie de l'enquête. Nos héros semblent dépassés tout du long, à tel point que le spectateur a une longueur d'avance sur ce qu'il se trame, dans la dernière partie. 
Au final, Eve traite d'expériences sur des expériences de clonage ayant pour but de créer des êtres supérieurs en tous points: Comme on s'en doute, tout ne se déroule pas comme prévu et les clones deviendront vite des sociopathes en puissance qui semblent errer dans la nature. Ce qui est glaçant dans l'intrigue ici est que les coupables de meurtres de leurs pères sont les petites filles que l'on pensait victime, au début. La prestation intrigante des deux jumelles, Erika et Sabrina Krievins, qui jouent les petites Eve 9 et Eve 10, ont pas mal marqué les spectateurs, à tel point qu'elles ont été présentes, lors de quelques conventions. Ces "monstres de la semaine" mêlent l'ambivalence: on a affaire à deux psychopathes mais leur apparence enfantine nous empêche de les trouver pleinement antipathique. Ce sentiment se trouve bien sûr renforcé par leur complicité et leur grande intelligence. L'horreur relatée ici réside dans le fait que ces fillettes ne sont pas le fruit d'une mutation ou de je ne sais quelle autres forces mystérieuses. Non, elles sont le fruit d'expériences génétiques perpétués par des êtres humains.

Eve se permet même une critique subtile de la banlieue américaine, notamment via ce passage savoureux dans lequel Mulder, arrivé dans le jardin de la deuxième victime, s'exclame: "c'est comme le reflet d'un miroir", soulignant à quel point les maisons des zones pavillonnaires semblent se dupliquer. La découverte que même la fillette du défunt soit identique à la première renforce l'impression que les familles habitants dans ces environnements se ressemblent finalement toutes.
La conclusion de l'épisode est assez jubilatoire: Lorsque Eve 9 et Eve 10 sont enfermées dans le même hôpital psychiatrique d'Eve 6, puis qu'elle reçoivent la visite d'Eve 8, on ne sait pas ce qui va advenir: Est-ce que cette dernière va les libérer ? Ou va-t-elle les assassiner ? La fin reste donc ouverte à l'interprétation. De quoi faire hurler la FOX qui n'appréciait guère ce genre de conclusion. En effet, la chaîne désirait activement que Mulder et Scully foutent tous les monstres derrière les barreaux.
Chris Carter s'est toujours opposé à cette idée. Et c'est plutôt la bonne approche, effectivement: Parfois, il y a des forces qui dépassent les deux agents. Ils ne peuvent pas tout résoudre. Certaines données leur échappent. Et comme l'avait précisé Chris Carter: "On ne peut pas expliquer l'inexplicable".
Eve est un chouette moment de télévision et encore un épisode visuellement très intéressant.


12. FIRE (L'Incendiaire)

Fire est un des premiers épisodes que j'ai enregistré sur mon magnétoscope, lorsque je décidai de "collectionner" toute la série. C'est également une affaire que j'avais fortement apprécié, à l'époque. Je l'aime toujours, notamment pour la prestation glaçante de Mark Sheppard en tueur sociopathe, capable de pyrokinésie. De nombreuses scènes malaisantes sont à son actifs, comme le passage dans le bar, mais surtout celle où il incite deux enfants à fumer une cigarette. Tout ce qui tourne autour de l'antagoniste est intéressante, mais tout ce qui gravite autour peine à convaincre: Un des problèmes majeurs est la phobie du feu de Mulder, un élément pratique pour injecter un surplus de dramatisation au thème de l'intrigue ici, mais ce trait de caractère ne sera plus jamais abordé ultérieurement. D'autant plus que ce n'est pas un petit trait de caractère, selon moi. Même si les loners sont indépendants les uns des autres, je trouve ça peu convaincant de ne jamais avoir réutilisé un élément aussi important.

Deuxième soucis: le récit nous présente un ancien flirt de notre agent, Phoebe Green (ou "Fébé" comme prononcé dans le doublage français), un agent de Scotland Yard. Comme à l'accoutumée depuis le début de la série, ce type de personnages surgit en début de son épisode dédié et repart (ou meurt) au terme de celui-ci. L'ajout de Phoebe sert à mettre en évidence les tensions sexuels entre Mulder et Scully, en présentant une pointe de jalousie de cette dernière envers l'ancienne conquête de son partenaire. Rétrospectivement, toute cette sous-intrigue semble forcée et pas très bien écrite. Normal, c'est Chris Carter au poste de scénariste de l'épisode. Je parais sévère avec l'artiste, mais il faut savoir que ses talents d'écriture s'affineront au fil des saisons. Et surtout, il se révélera être un brillant réalisateur, lorsqu'il décidera de passer derrière la caméra, à partir de la deuxième saison. Mais pour le moment, Carter distille des intrigues pas toujours bien amenées.

Les plans des incendies sont impressionnants: les passages où le feu se déplace et se propage sont alarmants et anxiogènes. A ce titre, à la fin de l'épisode, lorsque Mulder se brule, lorsqu'il tente d'enfoncer la porte dans la maison, pour porter secours aux enfants, hé bien David Duchovny s'était réellement brulé, à ce moment là. Ce n'était donc pas un rôle de composition.
Le plan final est délicieusement macabre et humoristique: lorsqu'on découvre Cécil L'Ively, le tueur pyromane, le corps intégralement brûlé et encapsulé dans un lit, puis qu'il balance une petite vanne à l'infirmière qui vient à lui. Il y a quelque chose de profondément pathétique chez ce personnage: C'est un pauvre type qui hérite d'un super pouvoir (une sorte de prototype du "Pusher" de la saison 3). Il utilise ce don pour impressionner femmes et enfants, ainsi que pour tuer et foutre le bordel partout où il passe.
Malgré tout l'amour que j'ai pu éprouvé pour Fire, à l'époque, force est de constater que tout ne fonctionne pas dedans: notamment les éléments centrés sur Mulder.


13. BEYOND THE SEA (Le Message)

Après Squeeze et Ice, Beyond The Sea représente un nouveau sommet dans la première saison d'X-Files. Et les trois sont signés par Glen Morgan et James Wong. Difficile de ne pas considéré ce duo d'écrivains comme des diamants bruts à cet instant de vie de la série. Comme à leur habitude, ils sont plus à l'aise avec Dana Scully, mais là ils emmènent le personnage à un niveau plus élevé. Même si on n'en doutait pas, c'est vraiment à partir de ce segment que les talents d'actrices de Gillian Anderson se révèlent pleinement. Au sein de l'équipe, dont l'actrice elle-même, l'épisode est souvent cité parmi leur préféré, à tel point que Duchovny lui même désirait ardemment avoir son Beyond The Sea pour son personnage. De l'aveu des deux auteurs, cet épisode est la réponse aux critiques qui estimèrent que Scully avait un rôle finalement limité. Et en effet, ce segment apporte énormément au protagoniste.
Beyond The Sea dévoile beaucoup de Scully. Tout d'abord, on y découvre ses parents pour la première fois. S'ensuit le deuil de la mort de son père dont elle fera face tout le long de l'histoire. Et pour la première fois, on a là une inversion des rôles de croyant/sceptique traditionnels de la série: Cette fois, c'est Mulder campe la place de sceptique, tandis que Scully s'ouvre un peu plus à croire. On la sent nettement plus vulnérable et prise aux doutes, tandis que Mulder se met plus en retrait, notamment après qu'il se soit pris une balle. Cette fois, c'est Scully qui prend les rênes, pendant que Mulder laisse toute la lumière sur sa partenaire.
A noter que l'homme compatit tellement sincèrement à la douleur de Scully qu'il l'appelle "Dana" au moins trois fois. T'imagines ? "Dana" quoi ! Cet épisode continue donc de solidifier les liens entre les deux partenaires. Ils se connaissent depuis peu finalement, mais on sent quelque chose de fort entre eux.

Bien entendu, impossible de passer sous silence la prestation de Brad Dourif, dans le rôle de l'ambigu détenu Luther Lee Boggs. Scully crève l'écran, mais elle partage clairement sa place avec le condamné. L'interprétation de Dourif est intense et viscéral, mais sans non plus verser dans le too much. Pourtant, la ligne aurait pu facilement être franchie. On ne sait jamais si Boggs est sincère ou non. Tout du moins jusqu'à la conclusion. Les scènes entre Scully et Boggs sont tout bonnement incroyables !
Et le tout excellement mis en valeur grâce à la photographie de John S Bartley et à la réalisation de David Nutter. Tous les talents étaient réunis ici pour offrir une heure prodigieuse. Il y a une telle confiance dans cette production: On dirait que toutes les parties s'autoalimentent: Le scénario nourrit les ambitions visuelles. Tout semble couler de source.
Beyond The Sea renforce le rapprochement avec Le Silence Des Agneaux et les confrontations entre Hannibal Lecter et Clarice Starling.

Il y avait déjà eu quelques coups d'éclats dans cette première partie de saison, mais j'ai toujours eu l'impression qu'un cap supplémentaire a été dépassé à partir de cet épisode. Il y aura encore quelques ratés en cours de route, cette année, mais la création de Chris Carter progresse vers quelque chose de grand, à partir de ce point. Assurément, Beyond The Sea préfigure tous les sommets que la série sera capable de nous proposer par la suite.


14. GENDER BENDER (Masculin Féminin)

J'ai tellement apprécié cet épisode et je l'adore encore, même si cet avis n'est pas partagé par tout le monde. Il est vrai que cette histoire de tueur qui peut changer de sexe semble être sur une pente glissante, surtout avec un regard actuel. Être doté d'un tel pouvoir n'est pas un problème en soi, mais que cet élément soit utilisé comme un rebondissement, peut faire grincer des dents aujourd'hui. C'est vraiment ce côté "Ouhlala ! Cette fille est en fait un homme !" qui peut déranger. 
Mais si on met ça de côté, Gender Bender est bigrement bien foutu. Visuellement, il est saisissant, à tel point qu'il constitue probablement le moment le plus impressionnant de la saison. Un tel brio provient de l'oeuvre de Rob Bowman, un tout nouveau venu qui réalise ici son premier épisode. Bowman deviendra l'un des plus prestigieux et des plus prolifiques réalisateurs de X-Files. Une telle confiance accordée aura pour conséquence de se voir désigner pour passer derrière la caméra du film Fight The Future. Très franchement, je concède volontiers que Gender Bender aurait pu s'écrouler facilement s'il avait été mis en scène par quelqu'un de nettement moins talentueux. Il est fort probable que l'épisode fonctionne majoritairement grâce à sa réalisation. L'atmosphère est fascinante: que ce soit les passages nocturnes dans les bois, dans les rues ou dans la boite de nuit, il y a un malaise constant et une tension inquiétante qui se dégagent à chaque instant. Il alloue à l'ensemble un double contraste, en opposant la ruralité et la ville.
L'excellence de l'épisode réside en outre dans l'élaboration des décors, comme tout ce passage tendu lorsque Mulder pénètre dans cette espèce de crypte souterraine. La musique de Mark Snow contribue grandement à l'ambiance si singulière de l'ensemble.

Je garde en mémoire cette scène magnifique dans laquelle Mulder et Scully sont reconduits dans les bois par les membres de la secte "amish" de l'intrigue. Cet instant est effrayant notamment parce qu'il fait nuit et qu'on n'aperçoit pas distinctement le visage de ces étranges personnes.
Tout le diner qui s'ensuit engendre le malaise.
Curieusement, j'avais été marqué par la scène où Andrew montre les journaux que cachait Marty, le tueur présumé du récit, à Scully, puis qu'il déclara que son ami était fasciné par l'aspect froid du papier. Quand j'achetais des magazines, j'avais cette scène qui me revenait en tête parfois.

Mais je crois que Gender Bender a été beaucoup critiqué à cause de sa chute finale: Lorsqu'on découvre que les membres de cette secte étaient en réalité des extra-terrestres. Beaucoup de gens ont trouvé que cette conclusion tombait comme un cheveu sur la soupe. Pourtant, j'ai toujours apprécié ce final. Très certainement grâce, une nouvelle fois, à la réalisation impeccable de Bowman: cette vue d'ensemble sur un immense crop circle est une image saisissante et marquante, je trouvais. Et puis, bien sûr, on pourrait expliquer que ces gens étaient tellement anormaux qu'ils ne pouvaient être que des aliens. Une fin métaphorique en somme. Cela semble léger mais ça se tient. Rétrospectivement, on pourrait dire également que ces aliens polymorphes préfigurent les extraterrestres que l'on retrouvera tout le long de la mythologie. Assurément, je doute fortement que l'équipe avait anticipé cet aspect pour l'intégrer succinctement dans un loner de la première saison. Mais ça se tient malgré tout. Tu as vu toutes les circonvolutions que je tente pour protéger mon chouchou.
Peut être que la déception vient du fait qu'il était plus fascinant d'imaginer une vraie secte d'humains ayant muté au fil du temps. Et effectivement, l'explication extraterrestre fait voler en éclat le malaise qu'aurait pu engendrer cette théorie. Je peux comprendre cela.

Mais malgré tout l'amour que j'ai pour ce métrage, il y a d'autres éléments qui peuvent gêner comme le fait que ce soit Scully qui manque de se faire violer par Andrew. Je ne sais pas. Je trouve cette scène étrange, surtout avec mon regard actuel.  Peut être que le trope "demoiselle en détresse" est de trop ici. Alors, bien entendu, à ce stade du show, Scully aussi est déjà venue au secours de Mulder, mais je ne peux m'empêcher d'être gêné par la scène.

A noter que Nicholas Lea joue le rôle d'une des victimes. L'acteur deviendra connu pour avoir endosser le rôle récurrent d'Alex Krycek par la suite.

En définitif, Gender Bender reste toujours un épisode époustouflant visuellement, et bourré de bonnes idées, mais je dois également admettre qu'il y a des points un peu cringes qu'on pouvait excuser dans les années 90, mais qui ont un peu vieilli aujourd'hui.


15. LAZARUS (Lazare)

Lazarus est une tentative de Howard Gordon et Alex Gansa d'écrire un épisode centré sur Scully. Et comme on l'a vu plus haut, ils avaient tendance à se sentir plus à l'aise avec Mulder. Ils auraient peut être dû s'abstenir car Lazarus n'est pas super palpitant. Et pour la millième fois dans la saison, on nous ressort une ancienne connaissance du duo. Cette fois, c'est Scully qui s'y colle puisque l'intrigue nous présente Jack Willis, un ancien intérêt amoureux du personnage, lui aussi agent du FBI. L'homme était l'instructeur de Scully et on retrouve ce qui avait été suggéré dans Beyond The Sea: à savoir que notre héroïne a une relation conflictuelle avec les figures d'autorité.
Dans le script original, c'est Mulder qui devait exécuter un transfert de conscience et non Willis, mais la FOX s'opposa car elle était frileuse à l'idée qu'une de deux vedettes fasse l'expérience directe d'un phénomène paranormal. Il est amusant de constater à quel point Carter et son équipe ont bénéficié de la confiance de la chaîne, au fil du temps, car cette idée de transfert de l'esprit de Mulder dans le corps d'un autre sera le sujet du double épisodes de la saison 6: Dreamland. 

En dépit d'un pré-générique visuellement saisissant, l'épisode peine à maintenir son rythme. En résulte une intrigue qui n'arrive guère à passionner. Le personnage de Dupré/Willis n'est pas enthousiasmant, ni même sa compagne Lula. Par ailleurs, on a dû mal à croire à la relation entre Scully et Willis. Tout semble forcé. Il n'y clairement pas d'alchimie entre les deux anciens amants. Leurs scènes semblent juste étranges. L'enquête en elle-même peine à se dérouler. 
Je semble un peu dur avec l'épisode mais tout n'est pas à jeter: Comme à son habitude, David Nutter élève le métrage vers le haut à travers une réalisation plutôt réussie. J'ai déjà parlé de l'introduction, mais toutes les scènes dans l'appartement de Lula sont plutôt chouettes, notamment ces moments où Scully, attachée à un radiateur, tente de ramener Willis à la raison.
Lazarus est intéressant dans son rapport au paranormal, car même s'il y a des éléments qui prouvent que l'esprit de Dupré a été transféré dans le corps de Willis, le récit sème le doute. Est-ce vraiment le cas où est-ce que Willis ne ferait pas simplement une giga dépression nerveuse ? Cette question donne au scénario des airs de thriller psychologique plutôt bien sentis. Ces moments participent à maintenir un certain intérêt, malgré la mollesse du rythme. 

L'épisode nous donne encore un aperçu des relations entre Mulder et ses collègues du FBI. Certains n'hésitent pas à glisser une petite moquerie, tandis que Mulder tente de faire passer des idées et des informations pour essayer de sauver Scully. Ces apports sont toujours les bienvenus, et permettent de rappeler l'isolement du personnage, surtout lorsqu'on lui retire sa partenaire.

Lazarus n'est définitivement pas honteux, mais il a la lourde tâche de passer après Beyond The Sea et, dans une moindre mesure, Gender Bender. Il a une bonne tenue visuelle, quelques moments de tension qui fonctionnent sur la fin, mais l'ensemble semble tellement routinier et générique.


16. YOUNG AT HEART (Vengeance d'Outre Tombe)

Encore un épisode qui continue d'explorer le passé de nos deux héros. On a cette fois droit à un Mulder Centric qui relate un certain évènement qu'il l'a traumatisé et qui implique le tueur John Barnett. Tu l'auras deviné, Young At Heart nous ramène d'outre tombe un ancien collègue de notre agent: le très sympathique Reggie Purdue. Ce dernier a été rajouté, à l'instar de Ghost in The Machine avec le personnage de Jerry Lamana, pour accroitre un peu artificiellement les enjeux dramatiques. En effet, Purdue se fera abattre par Barnett, à la fin du deuxième acte. Cependant, il est une des très rares connaissances de nos deux héros à avoir été évoqué ultérieurement dans la série, comme dans Unusual Suspects (s5), par exemple. Cette partie du scénario semble donc paresseuse. On le voit venir à 10 km que Reggie va y passer. Et surtout, on l'a déjà vu auparavant.

Un épisode considéré par beaucoup comme peu mémorable, mais j'aime bien Young At Heart. Il s'agit presque d'un plaisir coupable, parce que je reconnais volontiers les différents aspects ridicules qui me sautent nettement plus aux yeux aujourd'hui. Mais il m'inspirait pas mal lorsque j'étais ado: J'aimais bien la scène de flashback, même si elle sonnait un peu cliché. La scène de Barnett s'introduisant chez Scully reste un moment réellement intense. Puis j'aimais bien les appels de Barnett à Mulder, même si les dialogues du tueur sont tellement ridicules. En outre, j'étais plutôt convaincu par tout ce qui avait attrait aux expérimentations génétiques menées par le Dr Ridley. C'est peut être là le problème: L'intrigue part un peu dans tous les sens et balance beaucoup de choses en moins d'une heure. L'épisode semble un peu à l'étroit pour réussir à organiser correctement toutes ses thématiques. On dirait des bouts de scénarios raccrochés les uns aux autres, comme une créature de Frankenstein. ça tombe bien, tu me diras, c'est quasi le thème du métrage.
Ce mélange envoyé à la face du spectateur fait qu'il y a de bonnes idées dans le lot, mais aussi pas mal de scènes ringardes: John Barnett jeune est un personnage épouvantable qui en fait des caisses. Tout le dernier acte est globalement peu palpitant. Et toute la partie sur les documents volés semblent superflus et peu intéressants. Il est vrai qu'au fur et à mesure que j'écris, je me rends compte qu'il y a plus d'éléments qui ne fonctionnent pas dans l'épisode. Je me demande même si je ne préfère pas l'aspect routinier de Shadows ou Lazarus. C'est fort possible. Au moins, ce sont des histoires mieux aiguillées, plus simples et sans fioritures. Bon, il est vrai que Shadows se scinde en deux intrigues à un moment, mais la seconde, axée sur la vente d'armes, ne prend pas le pas sur la trame principale.

Young At Heart nous refait le coup du traumatisme dont on n'entendra plus jamais parlé dans la série, comme pour la phobie du feu de Mulder, présentée dans Fire. Mais cet aspect me parait moins problématique ici: on nous explique en partie la raison pour laquelle Mulder ne suit pas les règles du bureau. Nous nous doutons qu'il ne s'agit pas de la seule explication, mais disons que l'on peut considérer que cette bavure avec Barnett constitue un des éléments clefs qui expliqueraient le Mulder qu'on a aujourd'hui.

Définitivement, on tient là un épisode plutôt pale, trop dense et peu structuré, qui souffre en comparaison avec l'énorme Paper Hearts de la saison 4. Monument qui, lui aussi, refait surgir un autre tueur que Mulder à mis en prison. 


17. E.B.E (Entité Biologique Extraterrestre)

Enfin un épisode qui donne de l'importance à Gorge Profonde !
EBE représente la première incursion de Glen Morgan et James Wong dans la vaste conspiration de la série. D'habitude, ils écrivent surtout pour Scully, mais ils s'en sortent plutôt bien ici avec ce scénario plutôt axé sur Mulder. Même si Scully a pas mal de chouettes scènes. La paranoïa est à son comble: Il semble que nos deux héros ne peuvent plus être en sécurité nulle part, ni même dans leur bureau ou chez eux, puisqu'ils ont été mis sur écoute. Ils se retrouvent tellement isolés que même Gorge Profonde ment à Mulder.
La scène où Scully fait savoir à ce dernier que son informateur lui a remis une photo truquée est intéressante, car on voit à quel point Mulder a une confiance aveugle envers sa nouvelle figure paternelle. Lui qui n'arrête pas de se montrer incroyablement méfiant envers tout le monde, à l'exception de Scully. On a comme l'impression qu'il a, malgré tout, un besoin compulsif de pleinement faire confiance à certaines personnes. Dans le même ordre d'idées, il fait relativement vite confiance à Scully dans le Pilot. Une autre facette ambivalente de Mulder.

Selon Glen Morgan, EBE a été construit autour de sa fin, lorsque Gorge Profonde avoue le crime qu'il a commis à Mulder: Lorsqu'il lui révèle qu'il a abattu un alien de sans froid. A la base, c'était les fans qui désiraient en savoir plus sur le personnage, et c'est ce souhait qui a motivé les deux auteurs à élaborer une histoire autour de ce mystérieux informateur.
Lorsque je repense à EBE, je ne pense pas immédiatement à sa confession finale, mais à la scène de l'aquarium, lorsqu'il a une discussion houleuse avec Mulder, après qu'il ait menti à ce dernier. Le cadre est étrangement envoutant et atmosphérique, ce qui contraste avec la conversation plutôt tendu entre deux personnalités. Et puis, il y a cette phrase mythique de Gorge Profonde, lorsqu'il suggère à Mulder "qu'un mensonge est toujours plus convaincant lorsqu'il est présenté entre deux vérités". Qu'est ce que j'ai pu repenser à cette phrase.
Le récit replace donc en avant l'ambiguïté de l'informateur: On ne peut pas toujours lui faire confiance et il sert ses propres intérêts, même si ce sont les mêmes que Mulder. C'est quasiment ces termes qu'il emploi à la fin de Deep Throat devant l'agent. Ce dernier épisode nous avait déjà mis la puce à l'oreille sur la fiabilité de l'informateur, dès sa première apparition, lorsqu'il demande à Mulder de lâcher cette affaire d'OVNIs militaires. Mais le spectateur sent malgré tout une certaine loyauté de Gorge Profonde du côté de son protégé. Jerry Hardin rend son personnage beaucoup trop sympathique pour qu'on doute de sa dangerosité. EBE demeure donc intéressant dans sa façon de mettre en avant le dilemme du protagoniste.

L'épisode introduit pour la première fois les Lone Gumnen, le trio de complotistes alliés de Mulder qui sont encore plus paranoïaques que lui. A l'origine, Frohike, Byers et Langly ne devaient apparaître que dans cette histoire, mais les fans les ont tellement apprécié qu'ils sont devenus des figures régulières incontournables. Pourtant, Morgan et Wong étaient sûrs qu'ils avaient raté leur coup avec ce trio. Pour la petite anecdote, Chris Carter et son équipe avaient l'habitude de lire les réactions de leurs fans en ligne, et ainsi avoir une idée plus précise de ce qui plaisait ou non dans la série. Ils recueillaient anonymement les avis d'un forum en particulier. Les scénaristes et le showrunners s'amusaient parfois à reprendre une phrase du forum pour la glisser à travers la voix des Lone Gumnen, au fil des saisons, en guise de clin d'oeil. 
Un lien direct se tissa entre l'équipe créatrice et les fans sur internet. C'était totalement nouveau à l'époque. X-Files a toujours été connu pour avoir généré une des premières et actives communautés en ligne. Le point culminant de cette symbiose a été le personnage de Leyla Harrison, dans l'épisode Alone de la saison 8, qui emprunte son nom à une ancienne fan de la série malheureusement décédée. L'équipe décida donc de lui offrir un hommage avec ce protagoniste.
L'émission aurait très certainement eu un visage très différent si elle avait été créé à peine quelques années auparavant. S'il n'y avait pas eu tous ces retours des fans, et si Chris Carter et ses poulains n'en avaient pas pris bonne note.

EBE est un nouveau sommet dans cette première saison tumultueuse. On sent plus que jamais la mythologie bouillir et vouloir sortir toutes ses tripes. Patience, il ne reste que quelques épisodes avant le final qui introduira de nombreux éléments de l'intrigue principale.


18. MIRACLE MAN (L'Eglise Des Miracles)

Décidément, cette saison adore souffler le chaud et le froid en un clignement de yeux. Après l'excellent EBE, nous nous retrouvons avec Miracle Man qui peine à passionner. Il apparaît comme un élément faible de la saison, mais il n'est pas non plus catastrophique. A l'instar de Shadows et Lazarus, il semble routinier, peu surprenant, mais assurément plus lourdingue. Très sincèrement, c'est un épisode que j'ai tendance à zapper lorsque je repense à la saison 1 dans son ensemble, y compris dans ses ratés. Mais Miracle Man est tellement osef que je n'y pense même pas. Pourtant, traiter la religion à travers le télévangélisme bruyant des institutions religieuses américaines posait un cadre intrigant. Mais rien ne prend véritablement. Pire, ce postulat aurait pu aborder les scandales de ce type d'évangélistes en questionnant leur train de vie luxueux, acquis grâce aux dons des croyants. Le début de l'intrigue semble pointer dans cette direction, avant de finalement s'embarquer ailleurs. Cependant, la nature paranormale ou non de l'histoire constitue une partie intéressante. On n'est jamais vraiment sûr des pouvoirs de guérison de Samuel, l'enfant miracle. De même, les sauterelles qui investissent la salle d'audience se révèlent être en réalité un canular savamment orchestré.

Une des directions peu pertinentes qu'emprunte l'épisode réside dans l'utilisation de Samantha Mulder et des visions de son frère à son sujet. On ne sait pas ce qu'apporte cet élément scénaristique à l'ensemble. C'est juste confus. De surcroit, il est étrange que Miracle Man ne trouve pas plus d'échos chez Scully. C'est elle la catholique. Cette caractéristique est vite fait abordée lors d'un dialogue entre Mulder et Scully, mais rien d'autres. A la place, c'est le premier qui reçoit des visions, dans une enquête hors de propos. On a l'impression que Howard Gordon et Chris Carter craignaient que les spectateurs oublient le traumatisme du personnage. Cet aspect précis du scénario ne fait qu'alourdir une intrigue déjà bien... lourde.

Le reste de l'histoire demeure assez téléphoné, comme la révélation que l'homme brûlé est coupable de crimes. Un twist incroyablement prévisible d'emblée: il nous est en effet présenté tout vêtu de noir, au milieu de personnes habillées d'un blanc immaculé. Peu subtil.
A ce sujet, la seconde partie s'écroule complètement. Notamment toute la partie christique de Samuel: Sa mise à mort jusqu'à sa réapparition. C'est excessivement lourdingue. Un épisode assez étrange qui démontre à quel point les scénaristes et réalisateurs testent encore des choses, à ce niveau là du show. La saison 1 est clairement expérimentale. La série s'adonnera à des high concepts plus tard, mais dans une optique plus confiante. Ici, on essaie des choses "un peu pour voir si ça marche".
Miracle Man n'est définitivement pas un épisode miraculeux (oh oh oh !).



19. SHAPES (Metamorphoses)

Franchement, d'un point de vue atmosphérique, Shapes est fantastique et fonctionne à merveille. Lorsque je repense à cet épisode, ce sont surtout des images du paysages qui me reviennent à l'esprit. A côté de ça, il est vrai qu'il ressemble encore une fois à un épisode relativement conventionnel. Une histoire générique pour rassurer la chaîne. Effectivement, c'est encore la FOX qui suggéra la production d'un scénario sur un autre monstre connu, à l'instar de Shadows. L'équipe porta donc son dévolu sur le mythe du loup garou mais le subverti dans un délire amérindien. X-Files a toujours eu du mal à intégrer correctement les créatures les plus mythiques. Que ça soit les fantômes, les vampires (à l'exception de Bad Blood) ou le loup garou ici, on dirait que les créateurs de la série ne sentent pas très à l'aise avec ce genre de scénarios. 
Cela dit, Shapes n'en reste pas moins sympathique. J'ai déjà loué son ambiance humide et moite, mais la réalisation de David Nutter fait à nouveau mouche. Et l'homme a la bonne idée de limiter les apparitions du Manitou, la créature dépeinte ici. Préférer suggérer plutôt que montrer reste un parti pris efficace de mise en scène: Les attaques du monstre paraissent furtives et sauvages. En outre, le tournage à Vancouver et ses alentours est parfaitement mis en valeur ici. L'épisode profite à fond de ces incroyables paysages.

Shapes est le premier script qui inclut les amérindiens. Plus tard, la mythologie utilisera les Navajos qui deviendra un élément emblématique de X-Files. A ce propos, notons que Mulder s'intègre bien mieux dans la communauté présente ici plutôt qu'en présence de ses collègues du FBI. Il est amusant de comparer les scènes malaisantes dans Lazarus, lorsqu'il est entouré de ses pairs, puis le voir plus à l'aise au milieu des amérindiens. Bien entendu, on peut arguer que le personnage possède un surplus de spiritualité que ses collègues.
Une autre particularité du métrage réside dans cette scène qui voit Mulder relater l'histoire du tout premier X-Files ouvert en 1946 par John E. Hoover lui même. Ce passage donne plus de valeur à un épisode on ne peut plus classique.

Michael Horse joue le second rôle du shérif ici. L'acteur a déjà joué dans Twin Peaks, aux côtés de David Duchovny. Ce n'est pas la première fois qu'un acteur de l'étrange série de Lynch et Frost fait son apparition dans un X-Files. Et ce ne ne sera clairement pas la dernière...
Shapes n'est pas un bon épisode, mais certains éléments le rendent indéniablement attirant, comme sa superbe réalisation conjuguée à l'ambiance humide et pluvieuse de Vancouver.


20. DARKNESS FALLS (Quand Vient La Nuit)

Je pourrais me répéter en disant que Darkness Falls atteint les sommets de la saison 1. Mais je vais même aller plus loin: Darkness Falls compte parmi mes épisodes préférés de la série. Carrément ! Il s'agit jusqu'à présent du meilleur script de Chris Carter. 
Par ailleurs, le scénario a reçu une récompense de l'Environmental Media Association pour le message écologique véhiculé par ce segment. Carter déclara qu'il pensait surtout concevoir un épisode effrayant.
Il est amusant que Darkness Falls se situe chronologiquement après Shapes: Deux récits situés dans un environnement extérieur très fort.  A ce titre, l'équipe de tournage a galéré avec l'horrible météo qu'ils ont eu. Heureusement que le résultat ait été à la hauteur des intempéries.
Le contexte de l'épisode résonne à celui de Ice: à savoir nos deux agents bloqués dans un lieu isolé et hostile avec des compagnons d'infortune. Mais les deux histoires se distinguent malgré tout par leur ambiance et par la gestion différente du lieu. Dans Darkness Falls, les protagonistes sortent parfois de leur cachette pour tenter de trouver de l'aide. Le contexte joue sur deux tableaux: les passages claustrophobiques dans lesquels les personnages sont confinés dans une cabane. Puis, leurs excursions perdus dans l'immensité de cette forêt.
 
De même, il y a des moments de purs tensions et d'horreur: La découverte du cocon reste un des moments forts. Il y a également quelque chose d'effrayant dans le fait que les araignées microscopiques qui dévorent les gens dans les bois aient été libéré malencontreusement, lorsqu'un groupe de bucherons ont abattu un arbre. Se dire que des bestioles se cachaient là-dedans durant des millénaires suffit à faire frémir d'angoisse: Que des secrets se tapissent dans les forêts et qu'il vaudrait mieux laisser ces lieux tranquille. C'est avec ce genre d'idées que X-Files arrivait à faire peur: Juste avec des "Et si c'était possible ?" C'est précisément cette histoire d'arbre coupé, que les bucherons n'avaient pas le droit d'abattre, qui a attiré la sympathie de l'association écologique citée plus haut. Carter a beau se défendre d'avoir voulu porter un quelconque regard de préservation, l'épisode nous incite à rendre le personnage de Doug Spinney, l'éco-terroriste, nettement plus sympathique que le chef de la sécurité d'une compagnie forestière. Pour appuyer cette idée, Mulder décide de faire confiance à Spinney et de le laisser repartir avec le reste de l'essence, quitte à mettre en danger ses autres compagnons. On retrouve quelque part l'affection qu'éprouve notre agent face à des personnes marginalisées qui vivent de leurs convictions. Finalement, Spinney est une sorte de Mulder qui défie les autorités pour protéger ce qu'il semble juste. Et il joue également de son effronterie et de ses ironies.
Titus Welliver, qui campe le personnage, est parfait dans son rôle d'arrogant. Plus généralement, les acteurs invités font partie intégrante du charme du métrage: Il y a plusieurs moments tendus entre les différents protagonistes qui accentuent une tension déjà assez pesante.

Les effets spéciaux des bestioles ne constituent pas un point fort, mais, honnêtement, on s'en contentera tant l'ensemble tient diablement bien la route. Les plans où les insectes sont à peine visible, collés aux arbres ou lorsque Scully les aperçoit sur sa main sont des moments qui fonctionnent à merveille. Et cet aspect d'avoir des créatures indécelables à la lumière est glaçant. En parlant de la scène de la main, c'est juste après que Scully panique et manque de casser la dernière ampoule encore fonctionnelle. C'est une des premières fois que le personnage perd totalement son sang froid. Même si elle menace Mulder avec son arme dans Ice, elle le fait plus par légitime défense. Là, elle est réellement prise d'une peur viscérale. C'est un moment très marquant, nous qui avions malgré tout connu Scully avoir la tête froide.
L'horreur arrive à son comble lorsque nos deux héros manquent d'y laisser la vie, à la toute fin. Les voir convalescent lors de la conclusion renforce la forte impression que laisse l'épisode. Et, bien entendu, la fin ouverte sur ce qu'il adviendra des créatures achève ce sinistre tableau. La chaîne n'a pas dû apprécier cette fin parce que Mulder et Scully n'ont pas pu coffrer les araignées.


21. TOOMS (Le Retour De Tooms)

Comme relaté sur la partie consacrée à Squeeze, Morgan et Wong n'étaient pas satisfaits de l'épisode précité. Ils voulaient ardemment donner une seconde chance à ce personnage fascinant d'Eugene Victor Tooms. C'est amusant d'ailleurs car, tout au long de ma vie, lorsque des gens évoquaient Tooms, elles citaient des scènes clefs des deux épisodes. Ils s'enthousiasmaient du passage dans la cheminée, des yeux à travers la bouche d'égout, des toilettes ou encore de la scène des escalators. Au regard de beaucoup de monde, Squeeze et Tooms forment un ensemble. Les gens ne dissocient pas nécessairement les deux opus.
Tooms fait également date car il s'agit du premier monstre de la semaine qui se voit offrir une seconde chance. Au total, seuls trois monstres ont eu l'honneur de revenir ultérieurement, mais les deux autres n'ont pas bénéficié d'un éclatant retour. Ici, le pari est plutôt réussi. Et en effet, Tooms est nettement plus impressionnant visuellement que Squeeze. Sûrement grâce à la patte si délicate de David Nutter. Encore lui.
Cependant, notre duo de scénaristes attendaient le bon moment pour concevoir une suite. C'est tout à fait par hasard, lorsque Morgan a vu des travailleurs réparer des escalators dans un centre commercial qu'a émergé l'idée d'un monstre se cachant dessous. C'est à ce moment là qu'il se dit que Tooms serait un parfait candidat pour squatter un tel endroit. La scène finale du métrage est indubitablement un des climax les plus forts de la saison.

Les deux auteurs ont pu judicieusement intégrer certaines scènes que Longtreet, le réalisateur de Squeeze, n'avait pas tourné. Et c'est toujours rigolo d'avoir une séquelle de Tooms: Cela donne une seconde occasion de voir le mutant redoubler d'ingéniosité pour s'introduire chez ses victimes. A ce titre, la scène des toilettes est un pur moment d'effroi. Heureusement, Mulder arrive à temps pour entrer dans la maison et arrêter le tueur. Entre temps, il y a un plan flippant dans la pénombre qui ne donne sur du rien. C'est juste un bref plan qui m'a toujours fait flipper quand j'étais plus jeune.
L'excitation tout le long de l'intrigue réside en grande partie dans la traque qu'opère Mulder sur Tooms. Le premier bien décidé à se dresser sur le chemin du second afin d'éviter que le monstre ne trouve sa cinquième et dernière victime. Doug Hutchinson est toujours aussi impeccable dans son rôle mutique et froid.

L'épisode démontre à quel point Scully est prête à compromettre sa carrière pour protéger Mulder. Elle ira jusqu'à mentir à ses supérieurs pour le couvrir. Leur relation a tellement évolué qu'il est indéniable qu'à ce niveau dans la série, ils ont définitivement une relation qui dépasse le stade de simple collaboration de travail. Tooms préfigure également ce qu'il risque d'arriver dans un avenir proche, à savoir la fermeture des X-Files. C'était déjà vaguement en germe dans Fallen Angel, mais Tooms en remet une couche.
C'est dans ce contexte trouble et incertain qu'est présenté pour la première fois Walter Skinner, le directeur adjoint et supérieur direct de nos deux agents. Par la suite, il deviendra le personnage secondaire le plus important du show. La série joue parfois de son ambiguité, mais je n'ai jamais douté de la fiabilité et de la droiture du protagoniste. Mitch Pileggi, l'interprète de Skinner joue merveilleusement le supérieur qui semble sincèrement bien faire son travail. Même si, lors de ses premières apparitions, l'Homme à La Cigarette rôde dans son bureau, je n'ai jamais douté de la loyauté de Skinner. Même s'il apparaît comme une figure d'autorité, un obstacle des deux agents ici, il n'est pas considéré comme un ennemi à part entière. Il n'y a rien qui semble manipulateur dans son comportement. C'est juste un type pragmatique et bourru qui fait ce qu'il lui semble juste. Auprès de Mulder et Scully, il semble être dur, mais, très sincèrement, dans la réalité, gérer des agents du FBI comme ces deux là doit être un enfer. Il faut se dire que Skinner doit rendre des comptes à ses supérieurs. Sa position est donc hautement inconfortable, et tout ce qu'il dit à nos deux agents dans l'épisode semble parfaitement légitime. Ceci dit, on sent également qu'il se soucie réellement de nos deux héros, comme dans cette scène où il s'adresse plus doucement à Mulder en lui conseillant de se reposer un peu.
Pour la petite histoire, Mitch Pileggi avait déjà auditionné plusieurs fois dans la série. Lorsqu'il a passé le casting pour le rôle, il était d'humeur grincheuse et il ne s'était pas rasé les cheveux à l'arrière. Carter pensait qu'il était déjà dans son rôle et a été convaincu par sa prestation.

Tooms est également célèbre car il invite L'Homme à la Cigarette, présent lui aussi, a prononcer ses premiers mots. A ce propos, c'est un épisode étonnant car il est clairement un loner, mais l'intrigue convoque des liens avec la continuité de l'histoire générale: notamment en mettant en lumière la fragilité de la place de Mulder et Scully au sein du FBI. Comme déjà dit, on annonce déjà la fin des X-Files. En général, les loners ont tendance à évoluer en vase clos: il y a rarement mention de l'aspect feuilletonnant (encore en germe ici) du fil rouge scénaristique. La trame ici reprend donc la suite des aventures de Tooms, mais se permet de traiter plus généralement du rapport conflictuel entre nos deux agents et le bureau.
Finalement, Squeeze se concentrait aussi sur une double intrigue plus ou moins semblable: Celle du tueur parallèlement à celle qui relate les relations entre Mulder/Scully et leurs collègues. Mais Tooms va plus loin en s'ancrant véritablement dans l'univers global: Une sorte d'hybridation entre loner et mytharc. Même si ici, bien évidemment, on n'aborde pas la conspiration.

A l'époque, on pouvait acheter en VHS les épisodes du mytharc qui, en général, étaient composés de deux ou trois épisodes, histoire de former un long métrage que l'on pouvait voir et revoir. La première que j'ai eu était justement cette incluant Squeeze et Tooms sur la même cassette. Ok, ce ne sont pas des segments de la mythologie, mais ils avaient été réuni sur une même cassette. C'est comme cela qu'on pouvait découvrir certains épisodes en avance: En général, ces vidéo avaient l'attrait du "inédit en France" lorsqu'elles sortaient. 

Tooms est un formidable morceau d'X-Files, parfaitement situé dans la dernière ligne droite de la première saison. 



22. BORN AGAIN (Renaissance)

Qui se souvient de Born Again ? Même si on a eu des épisodes très standards et peu mémorables comme Shadows ou Lazarus, je trouve que Born Again paraît encore plus anecdotique.
Le problème ici est qu'il arrive bien trop tard dans la saison: On a déjà eu beaucoup de scénarios de vengeance d'outre tombe jusqu'ici. Cette histoire de fantôme réincarné dans une petite fille semble plutôt banal et prévisible.
Pourtant le teaser, avec Janice de Friends est plutôt intrigant et efficace. Mais tout le reste du métrage est redondant. Encore une fois, et souvent avec les épisodes fades de cette première année, rien n'est catastrophique ici. Il ne s'agit pas d'un morceau de télévision honteux. Finalement, seul Space peut haut la main être considéré comme le plus mauvais opus de cette saison inaugurale.
Howard Gordon, coscénariste ici, reconnait ne pas avoir été satisfait du résultat. L'artiste semblait peut inspiré, lors de l'écriture du script. Et ça s'en ressent à l'écran. On ne se sent jamais vraiment touché par le drame familiale entre Michelle et sa mère. Mulder et Scully enquêtent sur cette histoire étrange sans se sentir pleinement investis. A ce propos, David Duchovny a détesté cet épisode. Le récit s'intéresse davantage à l'aspect policier de son intrigue. Born Again ressemble à un assemblage d'idées balancées à la caméra. Et il y en a une ou deux qui sont saisissantes, comme cette image spectrale de l'aquarium qui reste probablement la plus forte. Il s'agit même du seul élément vraiment effrayant. Je t'ai déjà expliqué à quel point les photographies pouvaient me faire peur. Là, cette simple image mystérieuse était la chose qui m'intéressait le plus. Les origamis sont pas mal également. Malheureusement, ce sont des idées visuelles intégrées au service d'une réalisation très paresseuse. La mise en scène est très plan plan, et le fait que la trame s'intéresse justement à tout ce qui entoure les policiers victimes octroie une dimension "feuilleton policier" à l'ensemble. La confrontation finale est aussi un peu ridicule.

A dire vrai, on sent l'équipe créatrice épuisée en fin de parcours. Et cela peut se comprendre: produire une nouvelle série autant ambitieuse sur une année est un exercice éreintant. On en est déjà au 22ème épisode et les scénaristes et réalisateurs sont à court d'idées. Gordon lui même confessa qu'il était désespéré lorsqu'il a écrit ce scénario avec son comparse Alex Gansa. L'épisode n'a pas été produit avec le bon état d'esprit et il s'apparente malheureusement à du remplissage.
Ce qui est incroyable avec Born Again est que, j'ai beau l'avoir vu plusieurs fois, je dois me forcer pour me rappeler d'une scène en entière. Je n'ai pas ce soucis même avec d'autres épisodes moyens ou médiocres comme Shapes ou Shadows.

A noter que la petite fille qui joue Michelle deviendra la doubleuse de Pinky Pie et Fluttershy dans My Little Pony. Si il y a des brownies qui passent ici...

Aller l'équipe de Chris Carter... Plus que 2 épisodes et ensuite c'est dodo.



23. ROLAND (Roland)

Très sincèrement, Roland est un épisode qui aurait dû être mauvais, car, encore une fois, on a encore une histoire de vengeance. Oui, ça commence à faire beaucoup à ce niveau là, surtout après être sorti fraichement de Born Again. Mais Roland est un épisode incroyablement sympathique. En premier lieu, on pense bien entendu à la prestation hallucinante de Zeljko Ivanek dans le rôle du personnage déficient mental de Roland Fuller. C'était la première fois que je voyais cet acteur, par ailleurs. L'homme a tellement bien joué que beaucoup de gens pensaient qu'il avait vraiment un problème. On pourrait débattre volontiers de confier le rôle à une personne non concerné, mais il faut tout de même reconnaitre la prestation d'Ivanek ici, à tel point que, sans lui, l'épisode aurait pu s'écrouler. Oui, parce que l'intrigue en elle-même n'est pas si palpitante. Pareillement, si l'acteur en avait fait des caisses, on aurait pu avoir un épisode extrêmement embarrassant. Il fallait qu'on ait de la sympathie pour Roland. Et c'est sur ce postulat que repose une grande partie de l'ensemble.
Finalement, le reste est moins passionnant, même si l'idée d'un esprit d'une tête congelé qui possède le corps de Roland est une accroche intrigante. Cela permet à l'épisode de moderniser un procédé classique de film d'horreur. C'était vraiment l'époque où émergeait toutes ces histoires de cryogénisation. Il y avait une telle fascination pour ce procédé qu'il n'en fallait pas moins pour que la science fiction s'emparent de ce sujet.

L'épisode fonctionne également grâce à la réalisation de David Nutter qui réussit à apporter des scènes très douces et mélancoliques avec Roland, contrebalancées par des passages plus glaçants, comme les mises à mort dans ce décor de laboratoire. Pour ce dernier point, les meurtres sont visuellement impressionnants, mais dénotent d'une touche comique: Ce plan fixe du scientifique qui se fait emporter par un ventilateur géant est un peu rigolo. Idem en ce qui concerne la mort de Keats: sa tête plongée dans de l'azote est terrible, mais l'image du corps dessiné à la craie par la police, qui ont pris soin d'entourer tous les petits bouts de têtes, est une évocation très humoristique. Et c'était totalement voulu apparemment.
Pour ce qui est des scènes axées sur Roland et de sa vie dans son foyer, j'ai trouvé ça assez touchant, plus particulièrement la conclusion qui m'avait ému à l'époque. Et ce regard si mystérieux dans le miroir...

Même si Roland réutilise le trope usé du "fantôme vengeur", il le subvertit en faisant d'Arthur Grable un sociopathe en force qui dézingue ses anciens collègues. En effet, même s'il avait des raisons d'en vouloir à Nollette, s'en prendre à Surnow et Keats semblent clairement excessif. Même si le spectateur ne le voit jamais, Grable n'est pas dépeint comme une figure sympathique. Pour couronner le tout, il salit les mains de son frère jumeau, Roland, pour assouvir sa vengeance. Il l'utilise même pour tenter d'étrangler l'amie de ce dernier. On est loin du malheureux fantôme qui riposte auprès de ses horribles assassins, à l'instar de Graves dans Shadows ou de Morris dans Born Again. Cette différence joue en la faveur de Roland. C'est juste préjudiciable que ce dernier soit diffusé à ce moment précis.  

Le scénario ici nous donne à nouveau un aperçu du comportement de Mulder face à une victime: Il semble vraiment prévenant et doux face à Roland, et il arrive à captiver l'attention de ce dernier, lorsqu'il lui explique ce qu'il lui arrive via une démonstration avec une soucoupe volante télécommandée (hé oui). A ce moment là, l'agent révèle que les rêves de Roland sont commandés comme ce dernier le fait avec le jouet.
C'est également une scène résolument intimiste puisque Mulder raconte à Roland un mauvais rêve qu'il venait de faire, la nuit dernière. A ce sujet, il explique qu'il était dans une piscine et qu'il voyait son père sous l'eau. Première fois que le personnage évoque son père.

Roland est un chouette petit épisode, plus mignon et touchant qu'original. Même si quelques détails lui permettent de se distinguer des autres histoires du genre déjà relatées dans la série.


24. THE ERLENMEYER FLASK (Les Hybrides)

Et voici le grand final de la première saison. Et quelle fin ! Il se passe beaucoup de choses ici. Le rythme est effréné et la mythologie de la série éclate réellement à ce moment précis. Et la course poursuite ouvrant l'épisode est une parfaite représentation des 45 minutes qui suivront.
Il y a bon nombres d'éléments de The Erlenmeyer Flask qui seront d'une importance capitale pour la suite du fil rouge. Il symbolise de même la confiance et le savoir faire que l'équipe de Chris Carter a acquise tout au long de cette première année.
Mulder et Scully s'approchent dangereusement de la vérité, à tel point que leur vie semble plus que jamais en danger dans cette histoire. L'image emblématique de ce season final reste la scène où Mulder découvre d'énormes cuves dans lesquels hibernent ce qui semble être des humains, le tout stocké dans un hangar. Scully, quant à elle, se retrouve déboussolée lorsqu'une scientifique lui révèle que ce qu'ils ont trouvé dans une fiole, en début d'épisode, est probablement extraterrestre. Scully ne sait plus que croire. Bien entendu, on se doute qu'à ce moment là de l'émission, Scully ne peut pas remettre son scepticisme au placard, sinon X-Files s'arrête net. Mais ces scènes demeurent toujours aussi intenses à regarder.
Je pense que le statu quo établit croyant/sceptique entre les deux agents cimente tellement la série que Scully ne peut pas croire à 100% et épouser ensuite toutes les théories de son partenaire. Tout au long de la vie du show, on pourrait reconnaitre que le scepticisme de Scully paraît forcé. Et c'est vrai. Mais c'est également compréhensible de maintenir cette balance entre les deux. Cependant, la Dana Scully de la saison 1 ne ressemble pas à la Dana Scully de la saison 7. C'est un personnage qui a énormément évolué, bien plus que Mulder d'ailleurs, malgré le fait qu'elle semble être toujours un peu à côté de la plaque dans cet univers où Mulder a toujours raison. Mais on trouve quelques explications ici et là qui justifient les raisons qui poussent Scully à ne pas croire: Notamment le fait qu'elle a parfois peur. Et son coéquipier estime que son "maudit rationalisme" l'a sauvé maintes fois. De surcroit, ses compétences scientifiques ont énormément aidé le duo à progresser dans moult enquêtes. Mulder a clairement bénéficié des lumières de son équipière.

The Erlenmeyer Flask donne vraiment l'impression que nos deux agents sont peut être allés trop loin, à tel point que les victimes collatérales s'accumulent ici. Tout d'abord la scientifique qui aide Scully, puis, Gorge Profonde.
Sa mort reste un des moments les plus forts de toute la série, et les derniers mots du personnages: "Ne faites confiance à personne" est devenu un mantra tellement iconique de X-Files.
Carter désirait qu'à ce moment là, les spectateurs se disent que tout le monde pouvait mourir dans la série (à l'exception des deux héros bien entendu). Et il faut se souvenir que Gorge Profonde était le seul réel personnage récurrent jusqu'ici. L'Homme à la cigarette n'était qu'une silhouette vaguement définie, tandis que Skinner et les Lone Gumnen ne sont apparus qu'une seule fois. Il y a bien Blevins, mais il a disparu de la circulation depuis Conduit. L'épisode crée un parallèle avec le Pilot en calquant sa fin avec celui du premier épisode: Scully, dans son lit, reçoit un appel de Mulder à 23h21, puis nous voyons L'Homme A La Cigarette pénétré dans le pentagone pour y déposer une preuve que les deux agents ont récolté. Mais l'appel de Mulder est nettement plus amer ici puisqu'il annonce à sa partenaire que le département des X-Files a été fermé et qu'ils ont été virés. Qu'ils vont être muté ailleurs.
La mort de Gorge Profonde et la fermeture des affaires non-classées a été un tel choc que beaucoup de spectateurs ont cru que la série était terminée à ce moment là. Et c'est justement une des craintes qu'avait émis la chaîne lorsqu'ils ont découvert la scène.
On tient là un scénario brillant de Chris Carter ! Très certainement son meilleur depuis le début. On ne le voit pas encore trop dans les différents plans, mais cette conclusion permet à l'équipe créatrice de commencer à gérer la grossesse de Gillian Anderson. Cet heureux événement va façonner toute la première partie de la seconde saison qui va influer sur toute la série.
Le producteur exécutif R.W Goodwin réalise ici son tout premier épisode. Traditionnellement, l'homme occupera ce poste pour la plupart des season final de toutes les saisons.

The Erlenmeyer Flask est un morceau fascinant d'X-Files. Il pose les bases d'une mythologie qui n'a pas fini de s'étendre, et annonce tous les changements à venir dans la 2ème saison. Il préfigure aussi la forme que prendra le mytharc: à savoir des épisodes tendus dans lesquels nos deux agents vont régulièrement être impliqués personnellement. Des segments qui déploient souvent plus de scènes d'action que dans les loners.

La saison 1 arrive à son terme, avec ses hauts et ses bas, mais mis à part un ou deux mauvais faux pas, il n'y rien de véritablement honteux dans cette première salve d'épisodes. Il y a pas mal de moments mouif, mais également des morceaux incontournables. 
J'espère que tu as aimé suivre ma petite rétrospective. Si oui, on se donne rendez-vous bientôt pour la saison 2. D'accord ? 
Bisous.

Moggy





Mon vieux poster I Want To Believe



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